je suis la haine, je suis le char d’assaut, je suis le grand brasier, la fête païenne, la manchette, je suis le goût de sang dans ta bouche, je suis nos papilles bousillées, je suis nos consciences assainies, nos doigts brisés, nous en avons plein les mains, oui toi aussi, plein les gencives, plein le réseau, leurs phrases bégaient dans la chaîne de nos voix entravées, leurs syllabes se sont figées, elles retombent en poudre dans nos gorges, nous demandons pardon avant de tousser, et aujourd’hui les mots se sont transformés en pluie de balles, le sang répandu servira à vider encore plus de crânes, les entrailles seront récupérées, traitées, polies, vernies, resservies en flocons creux, d’une bouche à l’autre, dans le réseau, comme ça, l’air de rien, nous allons être dans forteresse, dans brave new world, dans le houellebecq, le téléphone arabe sera huilé, karshérisé, lessivé, vulgarisé, plusieurs dizaines de milliers de jardiniers ont été mandatés pour tailler la grande haie, plus rien ne va dépasser dans ton jardin, plus personne ne dira rien, tout ce que nous dirons sera vomi, recraché, nous tomberons malades, d’anémie, de sclérose en plaques, de circuit vital brisé, un balai sera introduit dans le cul des poètes, dans le cul des mots, une bombe sera introduite dans les journaux, il n’y aura plus personne pour parler à notre place, nous célébrerons le rire dans les musées, le dissolvant coulera dans vos vers, les flasques et les flexibles seront fusillés, les badauds blafards rassemblés sur les places se lèveront comme un seul homme pour rallier la grande Fête, le grand Facebook, le Faces Blanches, pour se repaître de sang, pour recevoir de la couleur, pour gober des poches de sérum en hurlant d’horreur, comme des enfants épouvantés qu’on affame, trépanés pour le retour à la barbarie, et je serai la haine, je serai le char d’assaut, je serai le grand brasier, la fête païenne, la manchette, je serai le goût de sang dans ta bouche, parce que les corps ont été éparpillés et que nos visages sont livides
charlie
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