Une petite pièce audio.
Un texte lu
J’écris comme et j’écris moi je sais. Ça écrit comme toi et c’est ton corps devant moi. Ou alors c’est le rythme, le pâte-dire, le coup-de-mot oui ça ça dit quelque chose. Dire c’est ça on ne peut plus pas encore loin la bride non le langue. La frontière c’est le tank-mot, c’est les deux-points circonscrits le fléchir-tombe. Ça te redessus te retombe le circonflexe antérieur. Vas-y au bout de l’ombre c’est jusqu’au cœur sur la route fourbe frêle fais-le ça. Fonce et comme ça je crois vas-y. Le cœur enfant-phrase ça te sourire. Point-virgule il y a de la viande dans chaque lettre, c’est pas laid ça c’est beau c’est pas vide dit le rouge rythme. C’est le sonar. Oui écoute ça te je veux c’est le dire non subjonctif. Non là hop je l’ai dit c’est langue à ça redis-le-il. Ah c’est antérieur à l’os : pas de pensée échantillonnée, pas sous les mots la pensée monde, ça oui je suis nu je frotte l’espace. Je ne vrai me ris. D’accord la phrase c’est vas-y le mot-mot c’est le mot-monde c’est le vas-y revient ça te signifie le mot. Le mort le mot-mort la pâte-sens le monde-mot la ponctuation ça te revient moi la souche-son. L’univers je eh euh. Mais eh j’ai. Euh le monde ah. Mais le mot a tronc. Le mot te râpe ça ne ah nous coeur l’ordre mort tue le son-son-monde. Ça c’est vrai qu’on conjugue. Eh ah c’est ça ai et c’est vrai. Les mots c’est le monde. Les mots c’est le sens dont le son ah eh euh feu l’enfant est. Eh mais puisque ah j’ai mot n’ai usé chose. Eh car j’ai l’eu mais le mot-chose sans son l’enfant est les mots morts. Je n’écris. J’ai règle-armure.
lettre d’accompagnement
Cher. Non. Chers. Non. Bonjour. Non. Madame. Non. Après m’avoir lu vous deviendrez végétarien. Non. Mon accent est à peine perceptible et j’ai bien connu le petit-fils de Nicolas Bouvier, ou Denis de Rougemont, je ne sais plus j’avais oublié mes lunettes. Non. Quittez votre mari immédiatement. Non. Ceci est ci-joint. Non. Dans tous les cas il y a du papier. Non. Ceci est du papier, nous sommes tous en papier avec des mots. Non. Comme je n’aime pas la société j’ai décidé de ne plus me laver. Non. Ceci est un manuscrit tapé au clavier. Non. Si chacun pouvait voir dans le cœur d’un enfant, il n’y aurait plus du tout de voitures, mais quand même un peu d’homicides peut-être. Non. Je vous invite à vous soumettre. Non. Je vous mets ce cher manuscrit. Non. Je, vous, épris — accordez la sincérité. Non. Veuillez vous annexer : c’est drôle et tragique à la fois. Non. Quand j’étais petit personne ne m’aimait alors je voudrais devenir un livre. Non. Mon professeur d’hébreu m’a déconseillé les timbres, mais c’est quand même efficace si on en lèche beaucoup d’affilée. Non. Veuillez acquérir une réception. Non. J’aimerais tant être immortel, surtout pour visiter d’autres planètes. Non. La dernière fois que je suis allé à Paris j’ai trouvé les gens gentils et je suis d’ailleurs abonné aux podcasts du Collège de France. Non. Longtemps je me suis réveillé super tard, et ça continue, et vous voyez le résultat. Non. En tout cas, j’ai pris mon pied et nous nous retrouverons peut-être un jour derrière les fagots si vous aimez ça. Non. Je suis vôtre ci-joint. Non. Je veux dire que tout le monde s’appartient, au moins quelques instants.
agglomérés
Mariage, arrimage, gravure, marbres, dilatements, pâleurs, élongations, printemps, automne, amarres, un toit en pente, un lit glissant, deux tables d’en-nuit, une immense armure, un bataillon d’armures enchevêtrées au-dessus des agglomérations, et à chaque fois deux glaives, mais une seule épée, suspendue, fragile, verticale, au-dessus du cercueil, et les éperdus électriques, les amants nus devenus ombres, l’est-perdu, l’anesthésiant pour les dents est prêt, le s’être-mangé-la-langue.
D’où vient la folie ? La dévastation du battre ? Qui dirige l’encoconcarapaçonnement ? Terreur, terrifiés et terroristes : civilisation des lisses, ferveur des flasques, orgasmes à l’équerre, socialeuse-batteuse, grande coalition du caramel mou.
Et voici qu’arrivent les aides-soignants, que la sève sèche, que le soleil brûle la peau, partout des poutres, du coma, un pore après l’autre, obturation du nez, choc respiratoire.
… espèce à rêves droits, espèce à clous, espèce à survie…
brindilles
Avez-vous déjà aperçu ces silhouettes recroquevillées sur les places, prunes moites en position de nécrose ? Manteau d’hiver, abo au diplo, cœur sous cloche au formol ? Ça commence jeune, ces jours. Tellement jeune ! C’est peut-être ça le vrai terrorisme : l’humain pâle terrifié-terré-tu. Enfant sous vide. Ado sous vide. Prêt pour la boîte à brûler, brasier redevenu brindille.
mer de narcisses
cissique-sisi-me-scie-la-ligne-c’est-sick-la-border-la-ligne-le-bord-de-ligne-le-bord-de-mer-bordel-le-bord-la-line-l’héroïsme-sur-le-fil-narco-narcose-n’arque-pas-ton-corps-nargue-le-kind-nargue-le-dragon-il-n’y-a-pas-il-n’y-a-rien-je-chie-je-te-chie-te-scie-les-kinder-sans-surprise-au-bord-de-la-line-le-kind-il-nargue-il-me-narque-le-petit-lignéarque-le-petit-leuptique-narco-kinder-cissique-la-border-cissi-ça-me-sidère-sissi-tort-à-tort-de-plus-empire-en-peur-emperator-boar-bord-bordel-nord-de-la-mer-nord-de-la-merde-border-me-border-c’était-au-bord-de-la-mer-cissique-merci-la-mer-merci-la-merde-merci-la-mère-la-qui-traverse-la-line-la-qui-traverse-l’océan-maman-tout-maman-me-narre-manar-manara-maman-l’eau-non-maman-nanar-maternicissique-narbor-narbore-plus-rien-plus-que-borderline-narcissique
porn-movie plot
ta face en feu tes pores expulsent
ton corps langue mon te rêver
nos documentaires animaliers
de l’autre côté des peaux pâles
englués de sueur, rivés au battement
te faire jaillir mes interstices
te lumière brute et portes closes
ici maintenant sans filet
enveloppe-moi primaire
de tes yeux vacillés
ton regard est autre
back to john lennon
Zone de turbulence. Ça cogne. Ça s’alimente. Ça dilate. C’est du fer et ça vole. Malgré les trous. Ça ne plane pas. Ça cahote. Ça atterrit sur une île. Ça passe plusieurs fois par le même endroit. C’est une île. Ça va prendre un verre en ville sur une chaise en béton. Ça cogne. Le nez a saigné. C’est les mots. Ils tournent en l’air autour de la piste d’atterrissage. Ils sont enrayés. Ça peuple. C’est le dragon de fumée. Écrire ne change rien. Si une hyène est aimée, elle peut rester hyène. Écrire ne change rien. Ton corps ne change rien. C’est dans l’enfance. Les mots ne peuvent. L’ensemble de ce que tu es devra être aimé, sans trous, maintenant, partout. C’est ou ce n’est pas. Ça saigne. Front d’adolescent. Visage tordu. La pensée est pleine de trous. Elle fuit de partout. Éviter de la prendre au sérieux. Animation 3D. Air — se lever, ça cogne, les mots ne vont pas faire comme ils veulent, le banc, en béton, le cœur d’adolescent.
corps d’hommes nus
manchette 2
il l’étrangle et fait comme si de rien n’était, il n’est rien et il l’étrangle, les gens le regardent s’étrangler et se souviennent, un homme oublie de dissoudre les mots dans sa nourriture et finit à l’hôpital sans estomac, une multitude de mots s’effondrent sur eux-mêmes tandis que les voisins continuent d’étouffer, nous volons tous très haut dans le ciel à des milliards de kilomètres au-dessus de nous-mêmes, la poésie est un spectacle qui s’étrangle
une grande quantité de poudre est retrouvée en suspension au-dessus des enfants dans les villes, une grande quantité de journal est retrouvée morte en travers de la gorge des passants dans leur cuisine, une grande quantité d’études se fait dans les pages devant le regard des femmes et des hommes fabriqués en éponge, une étude est en train de se faire, une étude a été faite, les gens sont en train de se faire mettre dans la gorge
l’inclinaison de l’abdomen permet à des mots de suivre leur cours naturel, une histoire enfermée dans une manchette s’étrangle en essayant de respirer par la bouche, les enfants sont de plus en plus violés dans les vitrines, les mots font comme ils veulent sur les pages et nous ne disons rien, ils font comme si le langage n’existait pas et nos corps se tordent
il l’étrangle et fait comme si de rien n’était, il n’est rien et il l’étrangle, une marionnette s’est étouffée en apprenant à parler, personne n’a jamais eu l’intention de mourir, une grande quantité de papier est retrouvée dans la gorge de plusieurs renards, une arrivée soudaine de mots fluides permet à quelqu’un de comprendre quelque chose quelque part, je n’ai pas la moindre idée de ce qui attend ma fille
il l’étrangle et fait comme si de rien n’était, je comprends que je suis mort nous sommes tous morts les enfants meurent broyés sous des trains parfois les corbeaux mangent leurs restes, nous sommes devenus du gaz